
Il y a, dans chaque maison, un triangle des Bermudes…
Les Songes d’Élise n’y échappent pas.
Et comme tous ceux et celles qui font le ménage et s’occupent du linge, on en connaît bien l’emplacement : quelque part au cœur de la machine à laver.
C’est là que disparaissent les chaussettes. Pas toutes. Une sur deux, discrètement.
Elles entrent par paires, pleines d’espoir, et ressortent seules, dévastées, comme si elles avaient perdu leur moitié au combat.
J’ai longtemps cru que le coupable était mon chien, mes enfants, un voisin, ou même un de mes hôtes…
Mais à force de chercher, j’ai dû me rendre à l’évidence : c’est un complot savamment organisé par la fraternité des chaussettes célibataires.
Il se dit qu’elles se glissent dans une faille spatio-temporelle, derrière le tambour, pour y retrouver leurs frères et sœurs d’une société parallèle où elles vivent libres : sans élastiques, sans lessive, sans humains.
Pendant ce temps, moi, je garde les survivantes dans un tiroir, au cas où leurs compagnes reviendraient.
J’en ai une cinquantaine, toutes veuves : des grosses en laine, des sportives, des délicates en soie… et même quelques-unes venues d’ailleurs, abandonnées par des hôtes de passage — des allemandes disciplinées, des hollandaises bariolées, des belges au cœur tendre.
Un véritable orphelinat du textile.
Si un jour la paix revient, j’espère que la machine à laver rendra les prisonnières.
En attendant, j’envisage sérieusement d’ouvrir un site de rencontres pour chaussettes seules : adopteunechausette.com.
🪶 Petit écho des Songes d’Élise

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